- CHINE (La République populaire) - Cadre naturel
- CHINE (La République populaire) - Cadre naturelLa république populaire de Chine est un des plus grands États du monde (10 millions de km2) et le plus peuplé (1 135 millions d’habitants). À côté d’une immense majorité Han (ou chinoise proprement dite), la population comprend 55 minorités ethno-linguistiques (Ouïgours, Tibétains, Mongols, Thaïs, Hui...), qui occupent 60 p. 100 du territoire. La République populaire est divisée en 22 provinces, 3 zones municipales et 5 «régions autonomes».Les 22 provinces comprennent 17 des «Dix-Huit Provinces» traditionnelles dont la persistance tout au long de l’histoire chinoise est un fait remarquable: Anhui, Fujian, Gansu, Guangdong, Guizhou, Hebei, Henan, Hubei, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, Shandong, Shanxi (ou Sh nxi), Shaanxi (ou Sh face="EU Caron" オnxi), Sichuan, Yunnan, Zhejiang ; et, en outre, le Qinghai, ex-Kuku-Nor, province détachée du Tibet ; le Liaoning, le Jilin, le Heilongjiang, divisions de l’ancienne Mandchourie; enfin, l’île de Hainan depuis 1988. Chaque province est elle-même divisée en districts ruraux (xian ), dont l’unité de base est le canton rural (xiang ) absorbé par les communes populaires en 1958 et ressuscité à partir de 1982; la plupart des provinces ont aussi des districts autonomes (zhou ) et des cantons autonomes où vivent des populations minoritaires.Les trois zones municipales (shi ) sont celles des agglomérations urbaines de Pékin (dans le Hebei), Tianjin (Hebei) et de Shanghai (au Jiangsu), qui bénéficient donc d’une administration indépendante de celle des provinces où elles sont situées.Les cinq régions autonomes sont: la région autonome ouïgoure du Xinjiang: 1 700 000 km2, capitale Ouroumtsi; la région autonome du Tibet (Xizang), 1 200 000 km2, capitale Lhassa; la région autonome de Mongolie-Intérieure (Neimenggu), capitale Houhehot; la région autonome hui du Ningxia, capitale Yinchuan; la région autonome zhuang du Guangxi, capitale Nanning, qui correspond à l’ancienne province de ce nom. Il est à remarquer que les principales minorités ethniques (Ouïgours, qui sont des Iraniens turquisés; Tibétains; Mongols; Hui, qui sont des Han musulmans; Zhuang, qui sont des Thaïs) bénéficient ainsi d’une certaine autonomie, mais qu’elles n’ont pas, comme l’avaient les minorités de l’ex-U.R.S.S., de «républiques»: le souci chinois d’unité et de centralisation apparaît ainsi; les régions autonomes sont de simples parties de la république populaire de Chine, tandis que les «républiques» d’Uzbekistan, etc., formaient, au moins théoriquement, une Union des républiques socialistes soviétiques. D’autre part, on peut se demander pour quelle raison existe une région autonome zhuang du Guangxi, car les Zhuang n’y sont pas majoritaires pas plus que les Mongols dans la région autonome de Mongolie-Intérieure.1. GéologieLa Chine est un vaste ensemble, essentiellement continental, qui, du point de vue géologique, forme un domaine assez homogène, où prédomine largement l’influence d’un socle ancien, repris par des plissements est-ouest calédoniens et, surtout, hercyniens (cf. Pl. XXV). Les déformations mésozoïques ont à peine effleuré la Chine continentale, tandis que celles du Tertiaire sont localisées sur la frontière indo-tibétaine. Jusqu’au Trias, la Chine a connu un régime essentiellement marin, remplacé au Jurassique par un régime continental.Grands traits structurauxDans toute la Chine, lato sensu , paraît exister un vieux tréfonds précambrien (ou mieux présinien), largement plissé et métamorphisé, qui affleure sous forme de vastes massifs ou au cœur des chaînes palézoïques et plus récentes. En effet, le socle présinien a subi une évolution différenciée, certaines zones restant peu déformées et évoluant en plates-formes plus ou moins submergées par les mers épicontinentales siniennes ou paléozoïques; d’autres, allongées d’est en ouest, largement subsidentes, donnent naissance aux orogènes calédoniens et hercyniens.Les plates-formes s’alignent suivant deux bandes, grossièrement est-ouest, qui vont en s’élargissant vers l’orient. Il est possible d’y distinguer de vastes secteurs où le Présinien est à découvert et d’autres où il se cache sous une couverture sinopaléozoïque peu déformée, plus ou moins épaisse. Ces derniers secteurs sont seulement affectés de failles déterminant des horsts et des grabens ou des gondolements à large rayon de courbure (bombements et dépressions). La première bande comprend, d’ouest en est, le massif de Tsaidam, l’Altyntagh, les massifs du Beishan et de l’Alashan, puis le vaste massif de la Chine du Nord (Sh face="EU Caron" オnxi, Sh nxi, Shandong, Henan et Jiangsu). Les massifs de Dzoungarie et de Mandchourie centrale en sont des annexes septentrionales. La bande méridionale court du Tibet à la mer de Chine en passant par le Chamdo, le Guizhou, le Guangdong et le Jiangxi.Les Hercynides, reprenant souvent les Calédonides, dessinent un Y dont les branches divergent vers l’est. La branche septentrionale, largement entamée au centre par la frontière sino-mongole, comprend à l’ouest l’Altaï et le Tianshan, à l’est le Petit et le Grand Khingan. Le socle présinien apparaît axialement par trois fois à l’ouest (zones médianes de l’Altaï et du Tianshan, Dzoungarie) et une fois à l’est (zone anticlinale d’Erlian). La branche méridionale s’étend du Xinjiang au Zhejiang, par le Kunlun et le Qinling. Elle se prolonge vers le nord-ouest à partir du Qinling (massif du Qilianshan). Le socle se montre au cœur de ce dernier, et dans le Kunlun.Les plissements mésozoïques ont affecté l’île de Taiwan et effleuré la Mandchourie. Les plissements tertiaires se manifestent essentiellement dans l’Himalaya. Des grabens se sont, d’autre part, remplis de sédiments durant le Mésozoïque (Zhering, Datong, Jiaoxiang) et le Cénozoïque (Altaï, Mandchourie, Chine du Nord). Ces fossés sont souvent obliques sur les structures hercyniennes.Paléogéographie et stratigraphieL’histoire géologique de la Chine se divise en trois périodes bien nettes, à savoir les temps présiniens, la période sinopaléozoïque et enfin la période Jurassique-Actuel. Durant la première, la Chine voit la formation de chaînes métamorphisées et granitisées, largement érodées avant le dépôt du Sinien. À la deuxième, la mer revient largement sur la Chine; elle en occupe la majeure partie entre le bouclier mongol au nord et l’Aequinoctia au sud, dont la frange septentrionale, le long du littoral actuel, formait la Paleocathaysia . Au sein du bras de mer chinois vont se différencier des zones plus subsidentes, qui évolueront pour donner les chaînes paléozoïques, sans avoir, en général, présenté de caractères géosynclinaux bien affirmés. Les discordances sont fréquentes, tant sur les plates-formes que dans les orogènes, et rendent difficile la distinction des différents cycles orogéniques. Pour se limiter à l’essentiel, on a affaire à des mouvements calédoniens au Silurien lato sensu et au Dévonien, et à des plissements hercyniens, surtout permiens. Les orogenèses plus récentes se sont marquées, en Chine continentale, par de nombreuses discordances, dont les plus importantes se trouvent à la base et au sommet du Jurassique, au début du Paléogène et à son sommet.La stratigraphie et l’évolution tectonique des terrains présiniens demeurent mal connues. En Mandchourie et en Chine du Nord, il a été possible de mettre en évidence un géosynclinal du Wutaishan, qui se prolonge vers la Corée, rempli de sédiments métamorphisés et granitisés, plissés et arasés. Un nouveau géosynclinal, celui d’Anshan, comportant plusieurs séries, s’est alors mis en place et s’est métamorphisé et déformé avant le Sinien.Toujours discordant sur les terrains antérieurs, le Sinien (équivalent de l’Infracambrien) constitue la base de la couverture sédimentaire des plates-formes et établit un ensemble inséparable du Paléozoïque inférieur. Sa partie inférieure est surtout détritique et son sommet principalement carbonaté (calcaires à Stromatolites). Des indices de formations glaciaires (tillites) s’y observent. Sur la plate-forme sino-coréenne, on a pu reconstituer un bassin sinien est-ouest émettant deux vastes lobes dirigés vers le sud, séparés par le seuil nord-sud de Taiyuan. Ce bassin était limité vers le nord par la «barrière du Hebei» et à l’est par le bouclier coréen.Les dépôts cambriens occupent une large partie de la Chine. Ils manquent seulement avec certitude en Mandchourie. Il s’agit essentiellement de formations schisto-calcaires à Trilobites, peu épaisses en général. Le Cambrien est discordant en Mongolie et en Chine du Nord.La répartition de l’Ordovicien rappelle celle du Cambrien. Si le premier est absent dans le Gansu, il existe, au contraire, dans le nord de la Mandchourie.Au Silurien , la mer quitte la Chine du Nord, mais revient sur le Gansu. Les sédiments, durant ces périodes, sont principalement schisteux et calcaires. La lacune de l’Ordovicien, dans le Qinling, correspond à des plissements calédoniens qui se manifestent ailleurs, notamment par de nombreuses discordances.La distribution du Dévonien est calquée sur celle du Silurien. Il est généralement discordant à sa base. La sédimentation comporte, à côté des schistes et des calcaires, de nombreuses formations détritiques.Le Carbonifère s’étend sur la Mongolie, mais manque en Mandchourie. Il est largement discordant en Mongolie et dans l’est de la Chine du Sud. Le faciès dominant est celui des calcaires à Fusulines.Les calcaires à Fusulines s’étendent très largement sur les régions chinoises. Il faut signaler, dans le Sichuan, l’existence de charbons permiens .Les terrains triasiques manquent en Mandchourie et dans le Xinjiang. Ils continuent les faciès carbonatés du Permien.Au Jurassique , un vaste mouvement orogénique d’ensemble détermine l’émersion de la Chine continentale. Les faciès marins ne se rencontrent plus qu’à Taiwan et sur la frontière sino-coréenne. En revanche se déposent de puissantes séries continentales, schisteuses et détritiques qui atteignent une grande épaisseur dans les fossés d’effondrement. Le Jurassique renferme du charbon et des plantes en Dzoungarie, dans le Xinjiang, le Qinghai et le Hubei. Du pétrole se trouve dans le Jurassique inférieur de Dzoungarie.Au Crétacé , les sédiments continentaux schisto-détritiques, souvent colorés (en particulier les marnes dites «terres rouges anciennes»), continuent à s’accumuler sur l’ensemble du territoire.Ce régime continue largement au Tertiaire et l’on peut toujours distinguer des formations de piedmont, des dépôts fluviatiles ou lacustres («terres rouges récentes» par exemple).Discordant sur les formations précédentes, le Quaternaire , qui a livré les restes du Sinanthrope près de Pékin, est célèbre pour ses lœss (terres jaunes). Les dépôts fluviatiles sont très abondants. Des formations glaciaires ou fluvioglaciaires sont bien représentées dans le Tianshan, le Henan et le Guangxi.Volcanisme et plutonismeMis à part les temps présiniens, les principales manifestations de l’activité volcanique se répartissent, dans le temps et dans l’espace, de la manière suivante: dans le Siluro-Dévonien, tufs, rhyolites et porphyres du Sichuan; dans le Carbonifère supérieur et moyen de l’Altaï, laves acides et tufs à végétaux; dans le Carbonifère supérieur, porphyrites du Xinjiang, basaltes et trachytes du Petit Khingan; au Permien, épanchement des roches basiques du Gansu et des tufs du Xinjiang; au Jurassique, andésites et porphyres du Qinghai, diabases dans le grand Khingan, andésites et rhyolites en Mongolie-Intérieure; au Crétacé, dans la même région, des rhyolites associées à des granites, des porphyres et des diabases dans le Jilin et dans le Fujian, des rhyobasaltes dans le Guangxi; dans le Néogène et le Quaternaire de Mongolie, des coulées de basalte, épanchées ici et là.Les principales manifestations plutoniques se placent vers la limite Paléozoïque-Mésozoïque. Il s’agit là des granites mongols qui s’étendent depuis la Mongolie-Intérieure jusqu’à la Mandchourie. En Mongolie existent aussi des granites du Crétacé inférieur.Métamorphisme des séries post-siniennesLe Paléozoïque inférieur est fortement métamorphisé dans le Xinjiang, le Gansu et le Qinghai. Dans le Henan, le Cambro-Silurien est également affecté. Ces phénomènes sont à mettre en liaison probablement avec les plissements calédoniens. Dans le Henan, c’est le Dévonien qui est métamorphique. Dans le Sichuan, la présence de Jurassique métamorphique constitue une singularité.2. Géographie régionaleCertaines des grandes dynasties chinoises, Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.), Tang (618-907), Yuan ou Mongols (1260-1318), Qing ou Mandchous (1644-1911), ont étendu la domination politique et militaire chinoise jusqu’au cœur de l’Asie centrale. La plupart des territoires conquis ainsi au cours des siècles font partie de la république populaire de Chine; la seule exception importante est la république de Mongolie ou Mongolie-Extérieure, indépendante depuis 1921. Du fait de ces conquêtes, la République populaire s’étend sur deux domaines géographiques entièrement différents, tant sur le plan physique que sur le plan humain, une portion de la haute Asie et de l’Asie centrale à l’ouest, une portion de l’Asie extrême-orientale à l’est. De fait, les géographes chinois distinguent une Chine occidentale et une Chine orientale. Les rebords du plateau mongol (Yinshan, 2 850 m; Helanshan, 3 600 m), les très hautes montagnes de l’ouest du Sichuan et de l’ouest du Yunnan jalonnent sommairement la limite de ces deux Chines.La Chine occidentale est une zone aride, sinon désertique: climat sec interdisant toute culture sans irrigation; formes de relief sous la dépendance de la désagrégation mécanique et de l’érosion éolienne; réseau hydrographique endoréique (cours du Tarim en particulier). Les très hautes montagnes l’emportent: Grand Himalaya, Transhimalaya, Kunlunshan, Nanshan, Tianshan, isolant de très hauts plateaux (plateau tibétain) ou des bassins à peu près complètement fermés (dépression salée du Tsaidam vers 3 000 m; bassin du Tarim; dépression de Tourfan à 漣 154 m; bassin de Dzoungarie). La Mongolie est un immense plateau. Ces immensités sont presque vides. Les populations Han ou proprement chinoises sont très fortement minoritaires, et ces pays sont le domaine d’autres ethnies, pour la plupart pastorales. Trois unités géographiques s’individualisent très vigoureusement: la haute Asie chinoise , peuplée surtout de Tibétains (Tibet et aussi Qinghai), l’Asie centrale chinoise , peuplée surtout de Ouïgours; la Mongolie-Intérieure , où les Mongols ne sont plus majoritaires. Ces trois unités correspondent aux régions autonomes du Tibet, du Xinjiang et de Mongolie, mais les divisions administratives ne coïncident pas exactement avec les réalités géographiques: la province du Qinghai est indiscutablement une portion du monde tibétain; la province de Gansu s’étend très loin, à l’ouest, en Asie centrale; inversement, la région autonome de Mongolie-Intérieure franchit, à l’est, le Grand Khingan. Il n’en est pas moins légitime de présenter la géographie physique et humaine de chacune de ces grandes unités séparément.Avec 5 millions de kilomètres carrés, la Chine orientale peut être considérée géographiquement comme la vraie Chine. Elle correspond approximativement aux «Dix-Huit Provinces traditionnelles» et à l’ancienne Mandchourie (aujourd’hui «Chine du Nord-Est»), à 21 des 22 provinces actuelles, auxquelles il faut ajouter la région autonome Zhuang du Guangxi.La distinction, dans la Chine orientale, d’une portion septentrionale (Chine du Nord et du Nord-Est) et d’une portion méridionale (Chine du Sud-Est) n’est pas sans valeur géographique. La Chine du Nord et du Nord-Est est une zone de reliefs amples et calmes, plaines et plateaux; elle correspond à un socle très ancien, le «socle de Cathay»; elle est sèche, avec, par endroits, tendance à l’aridité; la Chine du Sud-Est est une zone de relief mouvementé et compartimenté, de basses montagnes, de collines et de vallées; elle correspond à une région de plis anciens, le «pseudo-socle de Manji»; elle est humide. La limite de ces deux Chine est la chaîne ouest-est des Qinlingshan, qui atteint 4 107 m, et son plus modeste prolongement oriental, les Huaiyangshan.La Chine du Nord-EstÉlément le plus septentrional de l’espace chinois, le Nord-Est a pu être comparé à un gigantesque fer à cheval, s’ouvrant sur le golfe de Bohai: massif du Grand Khingan (Daxing’anling) à l’ouest, prolongé au sud par les montagnes et collines du Liaoxi (ou montagnes et collines du Jehol), Ilkhouri Alin et Petit Khingan (Xiaoxing’anling) au nord, montagnes de Mandchourie orientale à l’est, prolongées par les collines et la péninsule du Liaodong, ceinturant un ensemble de plaines (de 50 à 200 m d’altitude) drainées au sud par le Liaohe et au nord par le Nonni (Nunjiang) et le Soungari (Songhuajiang).Le climat du Nord-Est, d’une continentalité très accusée, est caractérisé en particulier par de longs hivers extrêmement rigoureux: moyenne de janvier: 漣 20 0C dans les plaines, où le gel peut sévir pendant près de six mois, tandis que, dans la partie septentrionale et dans les massifs des Khingan, la moyenne annuelle des températures reste inférieure à 0 0C (moyennes de janvier: 漣 25 0C, 漣 30 0C; minimum absolu: face=F0019 漣 52 0C). Nulle autre région au monde, aux mêmes latitudes (entre 40 et 52 degrés de latitude nord) ne connaît de telles températures hivernales: il n’est pas de région à ces latitudes qui soit soumise aussi directement à l’influence du puissant anticyclone sibérien, les Khingan n’offrant pas d’obstacle sérieux à l’invasion des vents violents issus des hautes pressions qui règnent en hiver sur le nord de la Mongolie et sur la Transbaïkalie. Les températures estivales, au contraire, sont partout élevées (moyennes de juillet: 20 à 23 0C). Les deux seuls mois de juillet et août apportent près de 70 p. 100 du total annuel des pluies, provoquées essentiellement par des perturbations cycloniques du front polaire du Pacifique dans l’air humide de la mousson.Les KhinganLe Grand Khingan s’allonge sur 1 200 km du nord-est au sud-ouest. C’est un vieux massif arasé depuis la fin de l’ère primaire, puis disloqué par l’orogenèse de Yanshan et surtout par l’orogenèse himalayenne qui a dénivelé les vieilles surfaces d’aplanissement développées sur les granites, grès et schistes métamorphiques et s’est accompagnée d’épanchements basaltiques.De puissants mouvements verticaux ont entraîné, notamment, un des traits caractéristiques du Grand Khingan: une nette dissymétrie dans son profil transversal; au versant occidental en pente douce, apparaissant comme un simple «rebord» du plateau mongol, s’oppose le versant oriental plongeant brutalement selon une grande faille nord-sud vers les plaines centrales.Au total, c’est une moyenne montagne, de 800 à 1 200 m d’altitude, culminant à moins de 2 000 m, aux formes douces, peu contrastées, d’aspect plutôt massif, s’élevant peu au-dessus du plateau mongol et largement entaillée par tout un réseau de vallées transversales sur le versant oriental.On a longtemps considéré le Petit Khingan comme une simple ramification du système du Grand Khingan. La réalité semble plus complexe, mais c’est là un domaine très mal connu. Selon les auteurs soviétiques, il convient de distinguer deux éléments: le Petit Khingan proprement dit, au sud-est, de structure et d’aspect analogues à ceux du Grand Khingan, mais plus bas (600 à 800 m en moyenne, culminant vers 1 200 m) et sans dissymétrie accusée, et l’Ilkhouri Alin, au nord-ouest, moins élevé, où dominent collines et plateaux mollement ondulés constitués souvent de coulées basaltiques surmontées de petits cônes volcaniques (70 à 100 m). Ces massifs connaissent les plus rudes conditions climatiques du nord-est. La moyenne de janvier est de 漣 26 0C à 漣 28 0C; la période sans gel ne dépasse guère quatre mois; la couverture neigeuse peut se maintenir six mois durant, et le sol est constamment gelé en profondeur (merzlota). L’été est chaud (en juillet, moyenne de 20 0C), mais très court et, dès le mois d’août, les températures s’abaissent rapidement.La taïga constitue le paysage végétal essentiel des Khingan où le mélèze dahourien (Larix dahurica ) tient une place remarquable et forme d’épaisses ceintures vers les sommets; plus bas, sapins et épicéas laissent peu à peu la place aux feuillus: bouleaux, puis érables, frênes, tilleuls. La steppe arborée occupe les bas versants tandis qu’une végétation de steppe ou de prairie, selon le degré d’humidité des sols, occupe les vallées. Les auteurs russes ont montré toute l’originalité du domaine floristique mandchou et, en particulier, l’interpénétration de la flore sibérienne et de la flore de Chine du Nord, à la faveur du Grand Khingan, dont l’orientation méridienne a réalisé un véritable «pont» entre ces deux mondes végétaux.À l’exception de quelques groupes de chasseurs-éleveurs toungouses (Orochon et Solon), au nord-ouest, et de quelques colonies d’agriculteurs, dans les vallées du Grand Khingan méridional (millets, kaoliang, maïs), c’était un monde en marge, vide d’hommes, et qui reste encore mal connu. Mais c’est depuis les années 1950 la grande base forestière de la Chine, mise à mal par une exploitation inconsidérée et par de gigantesques incendies (près de 2 millions d’hectares auraient été détruits en 30 ans). Les années 1990 sont marquées par la reprise du commerce avec l’autre rive du fleuve Amour, l’ouverture de nombreux ports et le développement de nouvelles activités de nature à faire de cette frontière un nouvel axe de développement.Les massifs orientauxOn désigne souvent par Changbaishan l’ensemble de massifs orientaux qui s’allongent entre la Corée et les plaines du Nord-Est. En réalité, le Chanbaishan n’en constitue qu’un élément (remarquable parce qu’il porte le plus haut sommet de toute la région) et on préférera le terme plus général de «montagnes de Mandchourie orientale». C’est qu’en effet, à la différence des Khingan, il s’agit là de toute une série d’alignements nord-est - sud-ouest, séparés par de larges et profondes vallées longitudinales. Le plus considérable de ces alignements n’est d’ailleurs pas le Changbaishan, mais le Zhangguangcai, qui domine les plaines centrales.Les mouvements verticaux de l’orogenèse himalayenne ont particulièrement affecté tout cet ensemble, les grandes vallées longitudinales s’ouvrant à la faveur des fractures entre les horsts des vieux massifs gneissiques et granitiques. Une intense activité volcanique (fin du Tertiaire) a laissé des formes remarquables: barrages de laves dans les vallées et, en particulier, dans la vallée du Mudanjiang, gigantesque plateau de basaltes (500 km sur 250 km) du Changbaishan qui supporte le volcan Baitoushan, le plus haut sommet de la Chine du Nord-Est (2 750 m). Toute cette région est encore instable, comme en témoignent d’importantes manifestations volcaniques récentes (XVIIIe siècle). Par sa position et son orientation, c’est la région la plus arrosée du Nord-Est (750 à 1 000 mm, répartis de mai à septembre) et les températures y sont beaucoup plus clémentes que dans les Khingan. La végétation y est particulièrement riche et variée: on y trouve le mélèze dahourien et surtout le magnifique cèdre coréen. Les pentes inférieures sont occupées par des forêts secondaires de chênes et de trembles auxquelles succède, de 500 à 1 000 m, un peuplement mixte de cèdres coréens, de chênes mongols, de frênes; puis la forêt de conifères occupe l’étage suivant jusqu’à 1 800 m: cèdres coréens, sapins argentés, épicéas de l’Amour; l’étage supérieur est le domaine du bouleau blanc «pierreux» de Mandchourie, mais les conifères y sont encore denses dans les parties les mieux abritées.Par leur climat et les belles voies de pénétration que sont les vallées du Soungari, du Mudanjiang, du Tumenjiang et du Yalujiang, ces montagnes de Mandchourie orientale constituent un milieu bien différent de celui qu’offrent les Khingan. Tout un peuplement agricole a pénétré ces vallées, au reste assez malsaines (surchauffées et très humides en été); il s’agit essentiellement de Coréens, qui ont apporté avec eux leur riziculture. Un district autonome coréen y a d’ailleurs été créé en 1952, le district de Yanbian. Mais la grande affaire reste, là encore, l’exploitation de la forêt, favorisée par le flottage sur les fleuves: sur le Soungari jusqu’à Kirin (Jilin) et sur le Mudanjiang jusqu’à la ville du même nom. Les fleuves sont également utilisés pour la production d’énergie électrique (depuis l’occupation japonaise), notamment le Mudanjiang et le Yalujiang.Les collines du Liaoxi et du LiaodongAu sud du Grand Khingan et des montagnes de Mandchourie orientale, de part et d’autre de la basse plaine du Liaohe et du golfe du Liaodong s’élèvent, à l’ouest, les collines du Liaoxi, ou collines du Jehol, et, à l’est, les collines du Liaodong. Les altitudes n’y sont guère supérieures à 500 m, mais un réseau complexe de fractures, une puissante reprise d’érosion se développant sur un matériel très varié (gneiss, granites, quartz, calcaires métamorphisés, lambeaux de couverture de grès et de conglomérats du Trias) déterminent une topographie extrêmement tourmentée, un paysage caractéristique de «relief en creux», tout particulièrement dans les collines du Liaoxi. Tout cet ensemble appartient au domaine tectonique de Chine du Nord, et le climat et les paysages sont déjà semblables aux siens.La péninsule de Liaodong est «zone ouverte» depuis 1985, et les investissements japonais et, de plus en plus, sud-coréens, s’y manifestent. L’agglomération de Lüda (près de 2 millions d’habitants) constituée de Dalian et de Lüshun (l’ancien Port-Arthur) en est le pôle; c’est aussi une des grandes villes industrielles de Chine – métallurgie, locomotives, pétrochimie alimentée par oléoduc depuis Daqing (Heilongjiang), chantiers navals (les deuxièmes après Shanghai). C’est aussi le port le plus moderne du pays (plus de 50 millions de tonnes), équipé pour les gros pétroliers. La première autoroute de Chine le relie depuis 1991 à Shenyang, la capitale de la province.Les plainesAu cœur du pays s’étendent, sur 350 000 km2, des plaines que l’on groupe souvent sous le terme de plaine du Nord-Est. Il faut distinguer au moins trois ensembles, différents à bien des égards: la plaine de Liaohe au sud, la plaine centrale (Nonni-Soungari) et, à l’extrémité nord-est, la plaine dite de Sanjiang ou des Trois Fleuves (Soungari, Amour, Oussouri). Bassin d’effondrement (Oligocène) limité par le horst du Liaodong et comblé par les apports du fleuve, la plaine du Liaodong est une plaine alluviale. La plaine centrale, en subsidence lente depuis le Crétacé, est formée de sédiments tertiaires (argiles, marnes, sables) tranchés par une surface d’érosion. Entre les deux, un «bourrelet» de 200 à 300 m constitue la ligne de partage des eaux entre Liaohe et Soungari.Les conditions climatiques sont un facteur de différenciation plus important encore du fait de l’extension en latitude; les températures et les précipitations diminuent progressivement du sud au nord-est: les moyennes, pour janvier, sont de 漣 8 0C à 漣 10 0C, et de 600 à 700 mm de pluies par an, dans la plaine du Liaohe; de 漣 24 0C à 漣 25 0C, et de 400 à 500 mm, dans les plaines septentrionales. Les champs ne peuvent porter qu’une seule culture annuelle à cause de la rigueur des hivers, contrainte climatique compensée par la richesse des sols (sols de prairie riches en humus). Mais, là encore, d’importantes nuances régionales sont à distinguer: les sols noirs de prairie les plus typiques sont essentiellement localisés dans la plaine centrale, passant à des sols châtains dans la plaine du Liaohe. De riches tchernozems (plus exactement, des sols noirs apparentés aux tchernozems) forment une bande continue au nord, de Kharbin (Ha’erbin ou Harbin) à Merguen, tandis que des formations beaucoup moins riches (du type des sierozems) occupent les vallées du Nonni et du Liaohe. Les marges occidentales de ces plaines sont beaucoup moins favorisées: dépressions couvertes de solontchaks (sols salés avec efflorescences) au nord, accumulation de sables, surtout (la partie occidentale de la plaine du Liaohe est la plus gravement atteinte) en provenance du plateau mongol.Aussi l’association soja-kaoliang, qui caractérise traditionnellement, dans la littérature géographique, l’agriculture de ces plaines, ne rend-elle pas bien compte des vocations multiples et bien différentes de ces régions. Certes, dans l’ensemble, soja-kaoliang-millets, cultivés (en été bien entendu) souvent en rotation triennale, occupent-ils la majeure partie des terres cultivées, mais, tandis que le soja se concentre de plus en plus dans la plaine centrale, les céréales prennent une importance relative plus grande dans la plaine du Liaohe, où le maïs tient une place remarquable (40 p. 100 des surfaces cultivées au sud-est). Le blé de printemps (introduit par les Russes) et la betterave à sucre (100 000 t en 1949, 1 Mt en 1954) colonisent les riches terres noires du nord, et la rotation soja-blé de printemps est pratiquée dans les plaines de la région de Kharbin.Il faudrait citer de nombreuses spécialisations régionales, comme le coton dans la basse vallée de Liaohe et le tabac autour de Jilin. «Pays neuf», le Nord-Est dispose, dans sa partie la plus septentrionale, d’immenses réserves de terres, notamment celles que représentent les plaines marécageuses de Sanjiang, dont la mise en valeur se poursuit, depuis 1950, par l’implantation de plusieurs centaines de «fermes d’État», bien équipées et souvent de très grandes dimensions, telle la ferme Luobei, créée en 1955, qui a défriché 40 000 ha (60 000 «pionniers» venus de Kharbin, de Pékin, puis de toute la province du Hebei et du Shandong).L’industrieCes plaines du Nord-Est connaissent un développement urbain considérable, lié à la mise en valeur des richesses du sous-sol et à l’existence du plus grand réseau industriel de la Chine.Dans la plaine du Liaohe s’est constituée la plus grosse concentration industrielle chinoise (plus de 6 millions d’ouvriers) basée sur le charbon et le fer: houillères de Fushun, en grande partie à ciel ouvert (épaisses veines de charbons bitumineux surmontées de schistes bitumineux fournissant 20 p. 100 de la production chinoise d’huile de schiste), de Fuxin (charbon bitumineux, à ciel ouvert) et de Beipiao (charbon à coke), combinats sidérurgiques d’Anshan et de Benxi (minerai de fer provenant d’Anshan, de Benxi et, de plus en plus, de Dalizi, situé à la frontière coréenne). À partir de ces industries de base, les plus importantes de Chine, s’est développé un énorme ensemble d’industries métallurgiques, mécaniques et chimiques. Shenyang, ex-Moukden, la capitale de la province du Liaoning (4 millions d’habitants pour l’agglomération) est le plus grand centre chinois (avec Shanghai) d’industries mécaniques et électriques.Au nord, l’industrialisation est plus ponctuelle; il s’agit d’un héritage russo-japonais avec Jilin (complexe d’industries chimiques), Changchun (1 700 000 hab.), capitale provinciale et site de la première industrie automobile de Chine créée à partir de 1953 avec l’aide soviétique, Harbin (2 500 000 hab.), capitale du Heilongjiang, complexe d’industries agricoles et de constructions mécaniques (turbines notamment), Qiqihar (1 100 000 hab.), aux confins de la Mongolie, foyer sidérurgique qui fut un lieu stratégique.La coopération soviétique avait porté aussi sur la mise en valeur de la houille, en particulier au Jilin et dans l’est du Heilongjiang (Hegang, Jixi); depuis les années 1960, l’activité principale est l’exploitation du pétrole dans l’ouest du Heilongjiang, à Daqing, où jaillissent quelque 50 millions de tonnes par an qui, avec la production plus méridionale de Liaohe, forment 50 p. 100 du total national; Daqing, doté d’une des plus grandes raffineries du pays et d’activités connexes, se trouve au cœur d’une nébuleuse qui compte près d’un million de personnes. Tandis qu’au sud le Liaoning s’ouvre par le golfe de Bohai et par la péninsule avec Dalian, une ouverture au nord, jusque-là sans issue, est prévue: le colossal projet de la zone du Tumen, frontalière de la Chine, de la Russie et de la Corée avec débouché maritime (sur le Japon notamment), pourrait être, au XXIe siècle, pour le Nord ce que Hong Kong, Taïwan et Canton sont pour le Sud à la fin de ce siècle.La Chine du NordLes monts Yanshan au nord-est, le plateau mongol et le désert de l’Ordos au nord-ouest, la chaîne des Qinling et ses ramifications orientales (Huaiyangshan, notamment, au sud-ouest) constituent de nettes limites pour la Chine du Nord. Par contre, à l’ouest et au sud-est, la transition avec la Chine du Nord-Ouest, aride, d’une part, et avec la Chine du Yangzi, d’autre part, se fait plus insensiblement. Mais des limites climatiques peuvent y être reconnues: au-delà de Lanzhou commence le domaine aride d’Asie centrale où l’agriculture n’est plus possible sans irrigation; et au-delà du bassin de la Huai, au sud-est, traversé par l’isotherme de janvier 0 0C, commencent le domaine de la double culture annuelle et celui de la rizière. Dans les limites ainsi définies s’étend une région d’environ un million de kilomètres carrés, peuplée de quelque 300 millions d’hommes.Le relief de la Chine du Nord est caractérisé par de vastes unités, aux formes simples, où les fractures (orogenèse Yanshan et himalayenne) jouent un rôle capital: vieux massifs disloqués du Shandong et du Sh nxi, grabens des plateaux de lœss, fossé tectonique de la grande plaine du Nord. Foyer de la civilisation chinoise, grande région du kaoliang (sorgho), du millet et du blé, la Chine du Nord est devenue également une région industrielle essentielle grâce, en particulier, à sa grande richesse en charbon; elle est pourtant aussi une terre de désastres, de sécheresse et d’inondations.La grande plaine de Chine du NordClimat, hydrographie et agricultureÉdifiée par les apports des fleuves, essentiellement du Huanghe ou fleuve Jaune, et des vents puissants du nord-ouest, à l’emplacement d’un vaste fossé tectonique, elle constitue l’une des plus grandes surfaces de remblaiement du monde. On peut y distinguer trois ensembles: au nord, le bassin du Haihe, au centre, la plaine du bas Huanghe – la plus vaste – et, au sud, le bassin de la Huai. Des alluvions riches en calcium, mêlées de lœss, font de la plaine du bas fleuve Jaune la région la plus fertile de la Grande Plaine, tandis que le Nord et surtout l’ensemble de la partie littorale, mal drainés, présentent de grands espaces couverts de sols alcalins et salins, et que le Sud, entre Huanghe et Huaihe, a bien des terroirs stérilisés par des épandages de graviers et de sables (anciens lits du fleuve Jaune); dans le bassin de la Huai, les alluvions calcaires sont progressivement remplacées par des alluvions argileuses. De sensibles nuances climatiques apparaissent également d’une région à l’autre: 500 mm dans la partie septentrionale, 600 à 700 mm dans la Plaine centrale, 800 à 1 000 mm de précipitations dans la région de la Huai. Et si, en été, les températures sont partout élevées (moyenne en juillet: 26 0C à Pékin, 27 0C à Kaifeng), les températures hivernales augmentent très sensiblement du nord-ouest au sud-est (moyenne de janvier: face=F0019 漣 4 ou 漣 5 0C à Pékin, 漣 1 0C à Kaifeng, 0 0C et au-dessus dans le bassin de la Huai).La sécheresse de l’hiver et du printemps, aggravée en cette dernière saison par une importante évaporation liée à l’élévation rapide des températures (Pékin: mars, 5 0C; avril, 14 0C; mai, 20 0C), des variations annuelles de 25 à 30 p. 100 dans le total des pluies (les deux tiers tombent en juillet et août), des coups de froid tardifs, au printemps, et des sécheresses précoces, en automne, sont les traits caractéristiques du climat de la Grande Plaine du Nord. Les cultures d’été constituent donc l’essentiel de l’activité agricole: kaoliang, millets, maïs (50 p. 100 de la production chinoise), soja (deuxième place après le Nord-Est), arachides, coton. L’irrigation permet la culture du blé d’hiver, paradoxale dans un tel milieu (la Grande Plaine fournit la moitié de la production totale chinoise). On pratique généralement un type de rotation des cultures qui permet «trois récoltes en deux ans»: première année, kaoliang; deuxième année, blé d’hiver suivi de soja ou de millets.Le maïs et le soja (souvent en culture intercalaire) sont essentiels au nord, tandis que la plaine du bas fleuve Jaune est la grande région du blé. Au sud, les millets reculent devant la patate douce, qui donne d’excellents rendements, et l’arachide occupe les terres sablonneuses au sud du fleuve Jaune. L’extrémité méridionale de la province du Henan, plus chaude, abritée par le Funiushan est devenue la première région chinoise productrice de tabac.Les terroirs les mieux irrigués peuvent souvent porter deux cultures annuelles grâce à l’introduction d’un maïs à court cycle d’évolution (d’après R. Dumont). Le maïs est d’ailleurs très largement répandu: ses tiges – comme celles du kaoliang – sont utilisées comme combustible, denrée si précieuse dans cette plaine du Nord presque totalement dépourvue de végétation naturelle.Un effort considérable a porté sur la culture du coton: vallées du fleuve Jaune (au Henan), du Weihe, du Daqinghe, du Ziyahe et région du Grand Canal (au Hebei). Au total, environ 2 millions d’hectares et 60 p. 100 de la production chinoise.Les caprices du climat et surtout le régime des fleuves (crues brutales d’été, qui ne peuvent être évacuées aux embouchures par suite de la charge considérable des eaux provenant des plateaux de lœss et de la pente quasi nulle en plaine) ont fait de cette plaine du Nord la terre des grandes catastrophes naturelles: dans la seule province du Henan, sécheresses (famines) et inondations auraient tué plus de 6 millions de personnes de 1937 à 1945.Aussi, depuis 1949, de gigantesques travaux ont-ils été entrepris pour maîtriser les fleuves et développer l’irrigation. Il s’agit essentiellement de l’aménagement du Haihe, du Huanghe et de la Huai.Le Haihe résulte de la confluence, en amont de Tianjin, de cinq rivières: le Baihe, le Yongdinghe, le Daqinghe, le Ziyahe et le Weihe; il ne pouvait guère en évacuer les crues convergentes, d’où de graves inondations progressant rapidement vers l’amont. Un canal de dérivation, doublant le Haihe, a été creusé jusqu’à la mer, tandis que les eaux du Yongdinghe, l’affluent le plus important, sont contrôlées par un barrage, en amont de Pékin, formant un réservoir de 2 milliards de mètres cubes.Le fleuve Jaune constitue la plus grave menace dans ces plaines et, en attendant la réalisation du plan d’aménagement du Huanghe, plus de 1 000 km de digues ont été reconstruites, réparées ou consolidées; en 1953, le canal de la Victoire-du-peuple a permis de dériver une partie des eaux vers le Weihe au Hebei (affluent du Haihe), entre Zhengzhou et Xinxiang.La réalisation la plus remarquable est, jusqu’à présent, l’aménagement de la Huai entrepris dès 1950 et auquel ont travaillé plus de 4 millions de personnes. Privée d’écoulement vers la mer par suite des dépôts laissés par le fleuve Jaune qui emprunta par deux fois son cours inférieur, la Huai ne trouvait plus d’issue que vers le Yangzi, par le Grand Canal, pour évacuer les crues d’un très dense réseau d’affluents. Des dizaines de milliers de kilomètres carrés subissaient ainsi de graves inondations presque annuelles. Cinq grands barrages-réservoirs, 27 réservoirs et tout un réseau de digues et de canaux enrayaient, dès 1962, les plus graves menaces d’inondations. Un canal de 170 km permet l’écoulement vers la mer et un second est en cours de réalisation. Mais le déluge qui s’est abattu sur la Chine centrale de mai à juillet 1991 a tout remis en cause par des inondations jamais vues depuis les années 1950; l’aménagement a été reconsidéré par un nouveau plan de dix ans qui doit absorber 6 milliards de yuan et prévoit la réalisation de dix-huit grands ouvrages hydrauliques.IndustrieGrande région agricole de la Chine, la plaine du Nord est aussi la seconde région industrielle chinoise, après le Nord-Est. Charbon à coke et anthracite sont exploités à la limite nord de la plaine dans le bassin de Kailan, un des plus anciens et des plus importants centres d’extraction de Chine (au nord de Tianjin), dans les monts de Pékin (Mentougou notamment) et dans le piedmont des Taihangshan où Fengfeng est le plus grand centre d’extraction. Un des grand combinats sidérurgiques chinois a été implanté à Shijingshan à 20 km de Pékin grâce au charbon de Mentougou et au minerai de fer de Longyan. Sur le littoral, les salines sont à l’origine d’un complexe d’industries chimiques (centre de Tanggu).L’axe du bas fleuve Jaune et la façade littorale ont fixé l’essentiel de l’urbanisation, Pékin mise à part; de Jinan, capitale du Shandong (1 500 000 hab.), en aval, jusqu’à Lanzhou, capitale du Gansu (1 200 000 hab.), en amont, le prestigieux axe historique de l’Empire s’est doublé de l’axe ferroviaire qui conduit au Xinjiang depuis le début des années 1960, et qui croise le Pékin-Canton à Zhengzhou (1 200 000 hab.), capitale du Henan et important centre d’industries textiles et mécaniques; l’ancienne capitale, Loyang (600 000 hab.), a été dotée de la première usine chinoise de tracteurs (aide soviétique) et de roulements à billes, tandis que la prestigieuse capitale des Tang, Xi’an (2 000 000 hab.), chef-lieu du Sh face="EU Caron" オnxi, est devenue un grand pôle industriel textile, mécanique, électronique et aéronautique, importante base du complexe militaro-industriel du pays. La façade littorale est en pleine évolution, disposant à la fois, contrairement au Sud, d’un puissant complexe d’industries lourdes et extractives – sidérurgie de Tangshan et de Pékin, charbonnages de Kailuan (20 millions de tonnes annuelles) et du Shandong (Zibo; celui de Yanzhou, à capitaux japonais, produit de 15 à 20 millions de tonnes), pétrole de Dagang et de Renjiu au Hebei et surtout de Shengli (35 millions de tonnes) près du delta du fleuve Jaune – et d’une armature portuaire diversifiée: au nord, Qinhuangdao, terminal pétrolier et houiller, au sud, les ports du Shandong, Yantai et surtout Qingdao en pleine modernisation. Tianjin est le pôle central (4 500 000 habitants et 7 000 000 pour l’ensemble de la municipalité). Récemment relié à Pékin par autoroute, c’est un des premiers centres industriels de Chine, largement diversifié, et ses équipements portuaires sont en passe de devenir les plus modernes du pays.Le ShandongLe Shandong, vieux massif disloqué, se compose de trois grands ensembles: au centre, la plaine du Nord s’y prolonge par le «corridor de Jiaowei», graben s’ouvrant entre les collines de Jiaodong, puis les massifs granitiques et gneissiques hachés par des failles nord-est - sud-ouest, qui ne dépassent guère 200 m d’altitude, et enfin les montagnes occidentales, blocs basculés granitiques et gneissiques avec des lambeaux de la couverture sédimentaire primaire, plus élevées (400 à 1 000 m), culminant à 1 532 m au Taishan, une des célèbres montagnes sacrées de la Chine. L’influence océanique plus marquée que dans la Grande Plaine s’y traduit par des hivers moins rigoureux, mais les précipitations n’y sont guère plus abondantes que dans l’ensemble de la Grande Plaine (600-750 mm). C’est une des régions agricoles les plus intensément cultivées de la Chine. Elle connaît d’ailleurs une pression démographique considérable (85 000 000 hab. pour 135 000 km2). Le blé et le soja occupent 53 p. 100 des terres cultivées; le coton (souvent planté entre les rangs de blé en avril-mai) 10 p. 100; le tabac, qui couvre 40 000 ha et se concentre principalement autour de Weifang, est souvent cultivé en rotation avec le blé sur les terroirs les mieux irrigués. L’originalité du Shandong réside dans la mise en valeur remarquable des pentes, soigneusement aménagées en terrasses, ou couvertes de plantations d’arbres fruitiers (le Shandong est célèbre pour ses pommes et ses poires) ou de quercus utilisés pour l’élevage du ver à soie.Le Shandong reste caractérisé par un très net dualisme entre une partie continentale qui appartient au domaine de la Chine du Nord par son monde rural et par ses ressources minérales (charbon, pétrole) comme par la localisation de sa capitale, Jinan, longtemps vouée au coton et à la sidérurgie, et une partie péninsulaire disposant des meilleurs sites naturels de la Chine du Nord: d’où la fortune de Qingdao, ouverte depuis 1897 aux Allemands puis aux Japonais, et, dans une moindre mesure, de Yantai qui fut ouverte aux Britanniques. Depuis 1988, une «zone économique ouverte» couvre l’ensemble de la façade littorale permettant à toutes ses villes d’entreprendre la course aux investissements étrangers; mais la péninsule reste curieusement enclavée, avec un seul axe ferroviaire. Le delta du fleuve Jaune, avec son pétrole et ses terres inoccupées (milieux inondables, impropres aux céréales), fait l’objet d’un vaste plan d’aménagement afin que cette zone devienne une base lourde (le pétrole y a déjà domicilié plus d’un million de personnes) et un front pionnier d’agriculture et d’élevage organisé en fermes d’État.Les pays du lœssClimat, pédologie et agricultureLes pays du lœss présentent une architecture assez simple dans ses grandes lignes; les grandes fractures de l’orogenèse Yanshan et himalayenne ont mis en saillie de vieux massifs cristallins de 2 000 à 3 000 m d’altitude de direction «sinienne» (nord-est - sud-ouest): Wutaishan, Taihangshan, Lüliangshan, Liupanshan, au-dessus d’un ensemble de plateaux (calcaires cambriens et ordoviciens, grès carbonifères) de 1 000 à 2 000 m d’altitude – plateaux du Sh nxi, de Shenbei au Sh face="EU Caron" オnxi et de Longxi (Gansu occidental), où s’ouvrent une série de bassins d’effondrement: bassins de Datong, de Changzhi et vallée de la Fen au Sh nxi, vallée de la Wei au Sh face="EU Caron" オnxi.Le lœss, qui recouvre toute la région (on le trouve jusqu’à 2 000 m d’altitude aux Liupanshan) sur des épaisseurs considérables (jusqu’à 200 m), constitue l’élément essentiel du paysage: matériel non cohérent et non stratifié à particules extrêmement fines (de 0,05 à 0,002 mm), à clivage vertical et extrêmement poreux, le lœss est une proie facile pour l’érosion ; des multitudes de ravines s’y développent; les surfaces planes (yuan ) des plateaux reculent rapidement par éboulements de pans entiers laissant la place à d’étroites crêtes (liang ) entre de profonds ravins. D’autres formes d’érosion spécifiques (pinacles, ponts naturels, etc.) contribuent à modeler dans ces plateaux de lœss des paysages parmi les plus extraordinaires du monde. L’origine, la genèse et les modalités de dépôt de ce lœss ont suscité bien des controverses, et la question n’est pas encore définitivement tranchée. Aux différentes théories éoliennes anciennes (Richthofen, Loczy) s’opposent des conceptions plus récentes qui mettent l’accent sur l’action des eaux courantes et le rôle de la pédogenèse (auteurs soviétiques et notamment Guerassimov), tandis que des géographes chinois soulignent à nouveau le rôle du vent.Les pays du lœss connaissent un climat beaucoup plus sévère que la Grande Plaine. Une plus grande continentalité s’y traduit par une importante amplitude annuelle (30 0C et plus) des températures, la moyenne de juillet étant de 25 0C et la moyenne de janvier de 漣 5 0C dans la partie méridionale et de 漣 12 0C dans la partie septentrionale. Les Taihangshan s’opposent à l’invasion des masses d’air océaniques en été, et la barrière des Qinling fait écran à la progression d’un des principaux courants d’été en provenance du Sichuan. Aussi le total annuel des précipitations est-il inférieur à 500 mm (et inférieur à 300 mm sur les franges septentrionales), dont les deux tiers pour juillet et août.Les millets et le kaoliang sont les cultures essentielles des plateaux, au prix d’un travail énorme d’aménagement des terrasses sur les pentes (qui constituent l’essentiel des terroirs). Dans les parties méridionales plus chaudes et mieux arrosées, le maïs occupe une place très importante, tandis qu’au nord du Sh nxi blé de printemps, avoine, pomme de terre sont essentiels. L’ouest de cette province et le nord du plateau du Shenbei figurent parmi les régions les plus désolées de Chine: le lœss y est soumis à l’érosion la plus sauvage – plusieurs milliers de tonnes par kilomètre carré sont emportés par les eaux chaque année, et l’invasion des sables de l’Ordos est un autre fléau qui sévit au sud de la Grande Muraille où certains districts sont atteints à 40 et même à 60 p. 100. L’installation d’écrans forestiers fut une des premières réalisations d’envergure entreprises après 1949 dans cette région: en 1954, 20 000 ha étaient boisés, constituant une barrière de 500 km entre Fugu et Jingbian.Abrités, recouverts d’alluvions fertiles et disposant de grandes facilités d’irrigation, les bassins sont les grands foyers agricoles des pays du lœss où l’on retrouve des densités de population comparables à celles de la Grande Plaine. C’est notamment la vallée de la Fen au Sh nxi où se situent près des deux tiers des surfaces en blé de la province et dont la partie la plus méridionale est une grande région du coton. Le bassin de Taiyuan est célèbre par la variété et la richesse de ses cultures: blé, kaoliang, soja, coton, riz, vigne.Il en est de même dans la vallée de la Wei, grande région du blé et surtout du coton, où plus de 100 000 ha seraient irrigués.Le Shanxi, base énergétiqueQualifiée déjà au XIXe siècle de Pennsylvanie chinoise, la province du Shanxi est devenue à partir des années 1980 une importante base énergétique disposant de quelque 200 milliards de tonnes de houille; le quart de la production nationale – plus de 250 millions de tonnes – est extraite dans plus de deux mille sites essentiellement répartis entre les bassins de Datong (plus de 25 millions de tonnes), de Taiyuan, de Yangquan, tandis que des exploitations géantes à ciel ouvert ont été récemment entreprises avec participation étrangère: c’est notamment le cas des houillères de Pingshuo, au nord, une des plus importantes joint-ventures en Chine (sino-américaine). Des investissements considérables, de toutes origines, ainsi que des prêts de la Banque mondiale ont permis le doublement de la production depuis 1980, mais l’enclavement, qui engorge le carreau des mines et freine le développement, a dû faire l’objet d’un traitement inédit en Chine: la création d’un réseau fer-mer de onze lignes spécialisées reliant les bassins houillers aux ports du Hebei et du Shandong; l’axe principal Datong-Qinhuangdao est opérationnel pour une capacité prévue de 100 millions de tonnes par an. L’autre volet principal de cette «base énergétique» est l’édification de puissantes centrales thermiques in situ, souvent avec participation étrangère, et leur raccordement au réseau de la Chine du Nord. La houille blanche, quant à elle, est activement exploitée sur le haut fleuve Jaune, en amont de Lanzhou, où deux des plus puissantes centrales de Chine – Liujia (1 million de MW) et Longyan (1 280 MW) – doivent être complétées par un escalier de barrages. Lanzhou (1 200 000 hab.), capitale du Gansu, qui fut le premier centre de raffinage du pays à la fin des années 1950 (aide technique soviétique et pétrole brut de Yumen et du Xinjiang), est aussi un important maillon du complexe militaro-industriel (nucléaire, notamment).L’industrialisation de la capitale du Shanxi, Taiyuan (1 500 000 hab.), est plus ancienne: elle remonte au début du XXe siècle et explique la priorité qui lui fut accordée par le Ier plan quinquennal pour en faire une des principales bases lourdes du pays.La Chine du Sud-EstGénéralitésReliefOn peut distinguer, au sud des Qinlingshan comme au nord, un gradin occidental élevé, une zone centrale déprimée, un gradin oriental élevé. Toutefois, le relief n’a pas la belle ordonnance qu’il a au nord et il est, dans l’ensemble, beaucoup plus accidenté. Le gradin occidental comprend, en effet, au pied des hautes montagnes méridiennes du Sichuan (7 590 m au Minya Kouka), un bassin déprimé, le Bassin rouge, séparé des plaines du Yangzi par les Dabashan et les Wulingshan ou chaînes de Yichang; plus au sud, le Yunnan a lui-même un relief compliqué. Le gradin oriental (provinces du Zhejiang et du Fujian), beaucoup moins élevé (moins de 2 000 m), s’ordonne en deux chaînes parallèles, Wuyishan et Daiyunshan, d’orientation sud-ouest - nord-est, mais les vallées des principaux fleuves sont perpendiculaires à cette direction; quant à la zone centrale déprimée, ce n’est nullement une plaine, mais une zone difficile à définir de basses montagnes, peu élevées (moins de 600 m), abruptes et ravinées; une ligne directrice assez nette, ouest-est, les Nanling (1 673 m), sépare les basses montagnes du Jiangnan (Jiangxi, Hunan, au nord) des basses montagnes du Guangdong (au sud), bien que cette chaîne soit aisément franchie aux cols de Meiling et de Zhiling; les basses montagnes du Jiangnan, elles-mêmes, sont traversées du sud au nord par les vallées du Xiangjiang et du Ganjiang, qui aboutissent dans les plaines du Yangzi par les lacs de Dongting (Dongtinghu) et de Poyang (Poyanghu). Ce relief compliqué s’explique, tant par une structure complexe de «pseudo-socle», où l’influence des plis secondaires est très sensible et où des failles récentes jouent un rôle important, que par une érosion dont certains traits sont «tropicaux».ClimatEn effet, si la Chine du Sud-Est a, comme toute la Chine orientale, un été chaud et humide, l’hiver est de moins en moins froid au fur et à mesure que l’on va vers le sud et il cesse très généralement d’être sec. Dans ces conditions, la pluie est beaucoup plus abondante et les températures élevées plus prolongées: une belle végétation, où se mêlent espèces tropicales et espèces tempérées, règne sur la plus grande partie de la région.L’hiver est encore froid dans les plaines du Yangzi (Shanghai, 2,7 0C; Wuhan, 3,7 0C; et même Changsha, 4,4 0C en janvier), peu arrosé, mais très troublé avec alternance de vents du sud-ouest humides et de vents du nord froids et secs au passage de dépressions cycloniques; les pluies sont désormais supérieures à 1 100 mm (Shanghai, 1 169 mm); le maximum des pluies est au mois de juin (Huang mai ou «saison des prunes», très semblable au baiu japonais, 180 mm de pluie à Shanghai et Wuhan) et non point en plein été. Les Wuyishan constituent une limite climatique notable. Les côtes du Zhejiang sud et du Fujian ont un hiver beaucoup plus doux (12,4 0C à Fuzhou en janvier); climat «pénétropical», humide (1 458 mm à Fuzhou), qui est encore plus net au sud des Nanling, forte limite climatique: Canton (Guangzhou) a une moyenne de 13,8 0C en janvier et reçoit 1 619 mm de pluie en 143 jours; février et mars connaissent le crachin et avril est déjà très pluvieux. Un vrai climat tropical règne au nord de Hainan (18,1 0C à Qiongshan en janvier).RessourcesLa plupart des sols sont des sols rouges «pseudo-ferrallitiques», argileux, pauvres en silice, enrichis en fer, souvent lessivés; au sud des Nanling, les sols sont franchement ferrallitiques.La Chine du Sud-Est n’a pas les ressources minières de la Chine du Nord et du Nord-Est. Son développement industriel est limité. Elle est donc essentiellement agricole. Son agriculture est fondée sur la culture du riz, et sa civilisation agraire est celle-là même qui définit le mieux l’agriculture extrême-orientale: jardinage très minutieux et très intensif (petite irrigation, utilisation d’engrais verts, d’engrais humains, de boues), emploi très limité de l’animal, mise en valeur d’une très faible partie du sol: les parties basses et planes, plaines, vallées, bassins. Comme les grandes plaines sont rares à l’exception de celles du Yangzi et que, presque partout, les densités sont supérieures en moyenne à 300 hab./km2, d’énormes densités rurales s’accumulent dans plaines et vallées.Divisions naturellesDu fait de l’unité de la civilisation, c’est la géographie physique (relief et climats) ainsi, d’ailleurs, que l’histoire qui permettent de distinguer le Bassin rouge du Sichuan, les plaines du Yangzi, la région côtière du Zhejiang et du Fujian, les basses montagnes du Jiangnan, les karsts du Guangxi, Guizhou et Yunnan, le Guangdong (avec l’île de Hainan).Au-delà des rapides de Yichang, le Yangzi – que les Chinois dénomment à présent Changjiang –, dont la pente est très faible (14 mm/km), parcourt les vastes plaines, basses et plates, qu’il a lui-même construites. Toutefois, montagnes et collines encadrent le fleuve jusqu’au-delà de Nankin (Nanjing). À l’ouest, dans le Hubei, la plaine est enfermée dans un cadre montagneux presque complet: Huaiyangshan, au nord (1 867 m), et Mufushan (1 493 m), au sud, viennent presque converger, en arc de cercle, à l’amont du confluent du lac Poyanghu; de ce fait, l’écoulement de la crue est difficile, et la plaine du Hubei est menacée d’inondation. Au centre, dans l’Anhui, la plaine se réduit à la vallée du fleuve: les montagnes du sud sont élevées et les Huaiyangshan se prolongent au-delà du lac Chao (Chaohu) par de basses collines entre Yangzi et Huai. À l’est, enfin, au-delà de Nankin, le cadre montagneux s’efface.Les plaines du Yangzi: la plaine du HubeiHydrographieLa province du Hubei est dite aussi «province des mille lacs». Elle est, en effet, semée de lacs, de faux lacs, de méandres abandonnés, particulièrement nombreux autour de Wuhan. Il est probable, d’ailleurs, que toute la plaine a été, autrefois, un immense lac. Il y a là, en effet, une remarquable convergence hydrographique. À son débouché en plaine, le Yangzi, à 1 600 km de la mer et à 40 m d’altitude seulement, est un fleuve très puissant: il a 2 km de large au confluent du Hanshui, le plus grand de ses affluents (1 530 km), qu’il reçoit à Wuhan; en amont, il reçoit, par l’intermédiaire du Dongtinghu, les eaux du Yuanjiang et du Xiangjiang. Ces fleuves ont de très fortes crues: le niveau du Yangzi, qui à Wuhan est à 0,80 m en étiage, atteint 13 m aux hautes eaux: ce sont les «eaux rouges», fortement chargées en alluvions (0,800 kg/m3) provenant des grès rouges du Sichuan; peuvent converger avec ce flux les «eaux jaunes» de crue du Han et les «eaux claires» de crue du Yuan et du Xiang; en cas de confluence de ces crues, le débit du fleuve devient énorme: il a atteint 75 000 m3/s en 1931 à Wuhan. Or la capacité du lit, pourtant profondément incisé, ne dépasse pas 46 000 m3/s; une partie de cette crue reflue par quatre chenaux dans le Dongtinghu, dont la superficie passe de 6 000 à 20 000 km2, avec des profondeurs de 15 à 20 m, et qui joue donc un rôle de réservoir naturel, puisqu’il restitue ce flot au fleuve en décrue; mais ce rôle régulateur est insuffisant. D’autre part, surtout, la crue se maintient longuement parce que l’écoulement est ralenti par les défilés que le fleuve doit traverser entre Jiujiang et Nankin et par le rôle de bouchon que joue à son tour le flot de crue du Poyanghu grossi par le Ganjiang; d’où de redoutables dangers d’inondation: treize inondations graves de 1931 à 1948. Le Yangzi a été de longue date endigué depuis Shashi, mais seulement sur sa rive sud; le Han est soigneusement enserré en plaine entre des digues, peut-être trop rapprochées. Tout cela était très insuffisant: en 1935, les digues du Han furent rompues en 114 endroits et il y eut 80 000 morts. En 1952 a été construit le barrage de Taipingkou, et 300 000 travailleurs ont aménagé en 75 jours le réservoir de Shashi, qui, lors de la grande crue de 1954, sauva Wuhan en absorbant 8 000 m3/s d’eau et en abaissant le niveau du fleuve d’un mètre; en 1956 fut édifié sur le cours inférieur du Han, à Dujiatai, un barrage de dérivation, tandis que les cours de Fujiang et du Huanshui étaient dirigés directement dans le Yangzi. Enfin, un énorme barrage-réservoir a été édifié sur la Tang, affluent du Han, tandis que sur le Changjiang même s’édifie à Gezhou – à l’aval des gorges – le plus grand barrage hydroélectrique de Chine.Activité économiqueSur une superficie labourée de 4 260 000 ha, plus de 60 p. 100 portent deux récoltes. Deux millions d’hectares sont irrigués et en rizières: l’irrigation est nécessaire pour la culture du riz, car les pluies d’été ne s’élèvent qu’à quelque 800 mm et sont irrégulières; cette province «inondée» souffre parfois de la sécheresse; fève, colza et pois succèdent au riz, pendant l’hiver; l’innovation consiste en une double récolte de riz, un riz hâtif (cultivé d’avril à juillet) précédant la récolte normale avec semis en pépinière en août et récolte fin octobre. Les terres «sèches» portent soja, maïs, sésame et surtout coton en été et blé ou orge en hiver: le Hubei est une des principales régions productrices de coton de la République populaire (notamment dans la plaine du Han).Le trait le plus original de l’agriculture est peut-être la culture du blé, en décrue, dans les lits majeurs des fleuves et rivières.Au confluent du Han et du Yangzi, dans un site que l’inondation rend peu accessible, Wuhan (4 millions d’hab.) regroupe les trois villes de Hankou, Hanyang et Wuchang: sa position, au centre de la Chine, est très remarquable; ce port sur le Yangzi, favorisé aujourd’hui par la proximité des très riches gisements de minerais de fer du Daye, dans les derniers contreforts du Mufushan, est un centre métallurgique très puissant; il est atteint par des navires ayant une charge de 10 000 à 15 000 tonnes.Les plaines du Yangzi: le deltaHydrographie et climatÀ partir de Jiujiang où le Yangzi reçoit l’eau du Poyanghu et jusqu’à proximité de Nankin, la plaine se réduit à la vallée entre les montagnes de Wannan, au sud, et les Huaiyangshan ou les basses collines (moins de 200 m), qui prolongent ce dernier relief: cette vallée est tantôt épanouie (et alors partiellement lacustre), surtout sur la rive gauche, tantôt resserrée en défilés bien connus des navigateurs (lieux-dits «Split Point», «Hell Point», «The Pillars», à la frontière de Jiangsu). Le fleuve est beaucoup moins large (600 à 700 m); son lit est désormais profondément incisé (32 m à Anqing) et les dangers d’inondation sont moindres. Un certain nombre de ports fluviaux importants se succèdent sur le fleuve (Anqing, Datong, Wuhu); mais l’essentiel de la province d’Anhui se trouve au nord des collines et du lac de Chaohu, dans les grandes plaines que draine la Huai et dont l’aspect et l’économie sont ceux du Nord.Les collines septentrionales s’effacent au-delà de Nankin, capitale du Jiangsu, où la plaine alluviale n’a que 3 km de large, cependant que les montagnes méridionales s’abaissent jusqu’à disparaître peu au-delà de Zhenjiang (220 km de la mer); on fait généralement commencer à cette ville le delta, immense plaine absolument plate, qui constitue la presque totalité de la province de Jiangsu (celle-ci englobe, au nord, au-delà de la Huai, et sans aucune ligne de relief, une partie de la Grande Plaine du Nord). La pente du fleuve, très profondément incisé (40 m à Nankin), est extrêmement faible (à 330 km de la mer, elle est de 1 mm par km, soit 0,001 p. 100); la crue a considérablement diminué d’ampleur: la différence de niveau est de 3,70 m à Zhenjiang, de 0,90 m à Wusong, cependant que l’influence de la marée s’accroît: sensible à Nankin, le flux de marée atteint 4,80 m à Wusong en grandes marées; ce flux déblaie l’embouchure du fleuve, large de 40 km, et divisée en deux bras entre lesquels l’île de Chongming, émergée en 620, couvre aujourd’hui 715 km2 et ne cesse de s’accroître. Il y a moins de 5 000 ans, les alluvions du fleuve ont isolé, au sud, le grand lac Taihu (2 500 km2), dont le Huangpu est l’émissaire. Le delta du Yangzi est le «Pays de l’eau»: les 250 lacs (dont le Taihu et, au nord du fleuve, le Hongzehu) et les rivières couvrent 15 p. 100 du pays et 40 p. 100 du Sud. Malgré la subsidence de la côte, les alluvions du fleuve font progresser de 25 mètres par an la terre sur la mer. Ensemble très bas, le Taihu est à un mètre au-dessus du niveau de la mer; une double digue, le long de celle-ci, a permis, au VIIe siècle, de gagner de véritables polders. Les hommes ont ajouté aux eaux naturelles 40 000 km de canaux qui servent à la fois à la circulation, au drainage et à l’irrigation; le plus célèbre est le Grand Canal, aménagé du VIIe au XIIIe siècle, pour amener à la cour impériale le riz des plaines du Yangzi. Des milliers de familles vivent sur l’eau. On comptait, en 1940, quelque 40 000 pêcheurs professionnels, la plupart pêchant dans les lacs et les rivières, les autres dans le fleuve; dans les lacs et les rivières, ils prennent poissons, crabes, crevettes et tortues par nasses, barrages ou lignes; dans le fleuve ils prennent, combinant plusieurs types de pêche (chalut, senne, carrelet, épervier), à la fois des poissons sédentaires, tels le hei yu (poisson noir) ou la carpe, et des poissons migrateurs, pondeurs en eaux marines (anguilles) et surtout, telle l’alose, pondeurs dans les eaux douces de Poyanghu et du Dongtinghu. Les pêcheurs vivent sur de grandes barques à fond plat, sans quille, à l’arrière élevé; ils constituent une société endogamique, sans relations sociales ou familiales avec les paysans; ils élèvent aussi des canards. Le lac Taihu est le centre d’une pisciculture particulièrement active: les pisciculteurs se procurent des alevins migrateurs venus du Poyanghu ou du Dongtinghu à Wuhu ou à Jiujiang.Le delta du Yangzi a un hiver froid encore, mais court: on compte 300 jours sans gelée; les nuits froides d’hiver amènent sur les étangs une mince couche de glace, qui est recueillie pour conserver le poisson. Le climat est humide; la Huai est donc une limite climatique importante. L’automne et l’hiver sont peu arrosés, sans être secs et très troublés; le printemps est souvent humide; l’été est humide surtout en juin – c’est «la saison des prunes» – et en septembre, au passage des typhons; les pluies d’été sont cependant insuffisantes (800 mm environ) et surtout trop irrégulières (de 40 à 500 mm en juin) pour que la culture du riz soit possible sans irrigation.Vie agricole et développement urbainL’agriculture est extrêmement intensive ; plus des deux tiers des terres portent deux récoltes; vases, boues, châtaignes d’eau, racines de nénuphar, déchets de poisson sont utilisés comme engrais. La région centrale pratique la double récolte classique des plaines du Yangzi: riz en été, blé ou orge en hiver; le Jiangsu est le second producteur de riz chinois (après le Hunan). Au nord du Yangzi, le coton devient la culture dominante; c’est une culture pionnière, car le coton tolère des terres légèrement salées, pratiquée en grandes exploitations, aujourd’hui fermes d’État; les salines et la pêche en mer sont les autres ressources. Au sud, la culture du blé est rendue difficile par l’abondance des pluies de printemps (au moment de la moisson); la culture du mûrier et l’élevage du ver à soie ont par contre une importance considérable: la région du Taihu est la plus grande productrice de soie de Chine; les maisons possèdent une vaste pièce qui sert de magnanerie et peut être redistribuée en petites pièces d’habitation, une fois la saison d’élevage terminée. Les autres activités sont la pisciculture et l’industrie de la poterie; certains villages sont presque entièrement composés de pisciculteurs.Le Jiangsu, autour du bassin du lac Tai et du Yangzi, est le foyer d’une brillante civilisation qui fut à son apogée sous les Song (XIIe s.) et qui, au XIXe siècle, fut un axe privilégié de la pénétration occidentale; c’est de nos jours un des trois grands espaces d’urbanisation et de développement de la Chine. Plus du quart de la main-d’œuvre rurale serait désormais occupée à des activités non agricoles, dans un réseau de bourgades dont beaucoup fonctionnent en sous-traitance pour les industries textiles et de petite électronique des villes voisines, en particulier Wuxi et Suzhou. Ces prestigieuses cités du Grand Canal connaissent une nouvelle fortune: Wuxi (900 000 hab.) et Suzhou (800 000 hab.), deux «villes de la soie» devenues aussi les centres parmi les plus actifs du pays pour l’électronique de consommation et les industries légères d’exportation. La capitale provinciale, Nankin (plus de 2 millions d’hab.), n’est pas en reste avec son grand port fluvial doté d’un terminal pétrolier (oléoduc de Shengli) et son complexe industriel qui s’appuie sur la pétrochimie et l’électronique.Les basses montagnes du JiangnanReliefAu sud du Yangzi, en contrebas des Wuyishan (à l’est), des montagnes de Guizhou (à l’ouest) et des Nanling (au sud), s’étend une zone confuse de basses montagnes qui s’élève de 150 m au nord à 400 m au sud; elles correspondent approximativement aux deux provinces du Hunan (c’est-à-dire au «sud du lac» Dongting) et du Jiangxi, que les géographes chinois groupent souvent sous le nom de «Jiangnan». Aux confins des deux provinces, un certain nombre de massifs, pour la plupart orientés nord-est - sud-ouest, dépassent 1 000 m: Mufushan, Jiulingshan (avec le mont sacré Lushan, 1 350 m), Wugongshan (et, dans son prolongement occidental, le mont sacré Hengshan, 1 330 m), Shuguangshan; de même les altitudes s’élèvent dans le Hunan occidental. Mais l’ensemble est bas et monotone, encore que très accidenté: basses montagnes à flancs convexes, vallées à planchers plats. Il s’agit d’une des plus grandes zones de relief appalachien du monde, l’érosion ressuscitant les plis crétacés de l’orogenèse de Yanshan, les quartzites donnant des crêtes; mais ce relief est mal développé, parce que les roches tendres (schistes siluriens et jurassiques) l’emportent de beaucoup. Les granites intrusifs crétacés sont également en saillie (Lushan, Hengshan); enfin, les grès rouges de la couverture éocène généralement indurés, restés horizontaux ou seulement ondulés, donnent des surfaces structurales limitées par des «cuestas» (ou des «pseudo-cuestas»). Les deux lignes de relief essentielles, à peu près nord-est - sud-ouest elles aussi, sont, à partir du lac Dongting, la vallée du Xiangjiang et, à partir du lac Poyang, la vallée du Ganjiang.ClimatL’hiver, ici plus doux que dans les plaines du Yangzi, est encore assez froid (moyenne de janvier: 4,4 0C à Changsha, 5,1 0C à Nanchang), mais il devient plus tiède vers le Sud. Par contre, l’humidité est forte: les pluies dépassent 1 500 mm à Nanchang. Une belle forêt «pénétropicale», avec arbres à feuilles caduques et arbres à feuilles persistantes, couvrait les versants; elle fut défrichée tardivement, seulement au XVIIIe siècle par endroits, et il y a encore des ressources forestières. Toutefois, la plupart des pentes ont été déboisées et, en dépit des plantations de pins actuelles, sont couvertes de graminées en touffes, qui laissent voir des sols rougeâtres, sols «pseudo-ferrallitiques» lessivés, peu fertiles.RessourcesLes pentes sont peu et mal utilisées. Des plantations d’abrasins couvrent les versants de la vallée du Yuan; l’huile est envoyée à Wuhan. La ramie est cultivée dans le centre du Jiangxi et l’est de Hunan. Quelques terrasses sont exploitées en haricots, sésame et surtout patates douces. Le théier est cultivé dans le nord-ouest du Jiangxi (Xiushui) et surtout dans le nord du Hunan (Mufushan, région d’Anhua, sur la Zishui), qui est le deuxième producteur chinois, après le Zhejiang, mais fournit des thés moins fins. L’ouest du Hunan (département autonome des Miao et des Tou) est très faiblement peuplé de minorités assez primitives.Les vallées ont des rizières, dans les dépressions du Poyang et surtout du Dongting. La plupart des rizières permettent, après le riz, la culture de maïs, de sorgho et de soja, récoltés à la mi-novembre, puis celle de patates, fèves et pois, en hiver. Toutefois, sur 750 000 ha de rizières du Hunan, la technique traditionnelle du «riz intercalaire» permet d’obtenir une double récolte de riz (un riz précoce récolté fin juillet, un riz normal repiqué début juin dans les interlignes du riz précoce). D’innombrables petits réservoirs aménagés aux têtes des talwegs assurent la maîtrise de l’eau et les rendements en riz sont souvent très élevés. Le Hunan est le «bol de riz de la Chine» et Changsha est un grand marché du riz; la dépression du lac Dongting (en réalité encombré d’îles et, de ce fait, divisé en très nombreux lacs, dont le Wanzi, le Dongnan et le Lu) serait la plus importante région productrice, bien que ses techniques rizicoles en pays inondé soient encore inconnues (riz flottant? riz de décrue cultivé en octobre-novembre? riz d’été cultivé sous la protection de digues?).Les ressources minières ne sont pas négligeables: antimoine et wolfram (district de Dayu, Jiangxi), plomb et zinc (district de Changning, Hunan), manganèse (Xiangtan, Hunan) et surtout charbon à coke de Pingxiang au Jiangxi. Mais l’industrie moderne est encore peu développée (aciérie de Lianyan au Hunan); les villes, y compris les deux capitales Nanchang et Changsha, sont de gros marchés agricoles. La population est surtout rurale. Compte tenu du relief, les superficies effectivement cultivables sont restreintes (36 000 sur 204 000 km2 au Hunan) et limitées aux zones basses: celles-ci sont incontestablement surpeuplées avec une densité de 1 000 habitants au kilomètre carré cultivé, la densité au kilomètre carré étant de 170 au Hunan (de 100 au Jiangxi).Climat et reliefLes Wuyishan et leurs prolongements septentrionaux (Xianxialing, Baijinling), plus morcelés cependant, séparent des plaines du Yangzi et des basses montagnes du Jiangnan les provinces côtières de Zhejiang et Fujian. La barrière a été suffisante pour que les Min Yue restent indépendants jusqu’aux derniers Han, et le Fujian a gardé ses dialectes très vivants (3 dialectes principaux).L’hiver devient rapidement plus chaud, la neige est inconnue. La moyenne de janvier est supérieure à 8 0C, en bord de mer, au sud de Wenzhou, où l’on compte dix mois sans gel; elle est de 12,4 0C à Fuzhou, aussi élevée qu’à Canton. L’été est tempéré par les brises marines. Les pluies sont abondantes, supérieures à 1 400 et même à 1 500 mm. Elles tombent surtout en été, mais le printemps est également très arrosé et aucun mois n’est vraiment sec. Les typhons frappent la côte quatre ou cinq fois par an, surtout au sud de Wenzhou, et ont une violence inégalée dans le monde sauf au Japon. Une très belle végétation subsiste: Castanopsis, Elacocarpus, Schima, bambous, arbrisseaux aux feuilles charnues toujours vertes, lianes (chèvrefeuilles, glycines), myrtes, azalées, sur sols ferrallitiques, rouges et jaunes, et, plus haut, forêts de conifères (cèdres).La région est montagneuse (si l’on excepte la grande plaine qui s’étend de Hangzhou au lac Taihu et se rattache sans discontinuité au Jiangsu, dont elle a tous les caractères). Elle est aussi très belle. Deux alignements principaux: les Wuyishan à l’ouest, les Daiyunshan, avec leurs prolongements, à l’est; dans cette dernière chaîne on trouve, au Putuoshan et au Luojiashan, de célèbres sanctuaires bouddhiques. La structure géologique comporte essentiellement un immense batholithe de granites crétacés, ainsi que des coulées de rhyolites du même âge. Les deux chaînes seraient dues à deux grandes lignes de faille. Les principales rivières, courtes et impétueuses (Zhejiang, Minjiang), sont perpendiculaires aux grandes lignes de relief, en gorges: ce sont des rivières épigéniques et leurs vallées n’ont pas grande utilité; par contre, les rivières affluentes coulent dans des vallées amples, parallèles aux lignes de relief et déblayées dans des terrains tendres.Sur la mer, ces montagnes donnent une côte admirable qui dessine un arc de cercle assez régulier à convexité tournée vers le sud-est. Une seule indentation est très marquée, la baie d’Hangzhou, estuaire où la marée atteint une ampleur et une vitesse remarquables: l’amplitude dépasse parfois 8 mètres. Partout ailleurs, la côte est finement ciselée par une multitude d’anfractuosités, de baies et d’estuaires, et frangée par plus de 3 400 îlots: les principaux archipels sont ceux des Zhoushan, des Dachen, de Mazu, de Quemoy (Jinmen). La côte étant en voie de subsidence et beaucoup de basses vallées encaissées ayant été ennoyées, on peut parler de «côte à rias». Mais on voit apparaître quelques traces de régularisation. Une vie maritime intense règne ou a régné sur toute cette côte: pêche en mer (en particulier aux îles Zhoushan); construction de jonques de pêche à Ningbo (chaque zone de pêche ayant son type de jonque et beaucoup de jonques ayant été motorisées); autrefois navigation lointaine (exportation du thé par les «clippers» vers 1870-1880; grande émigration vers les mers du Sud). Il existe donc une série de ports qui furent fort actifs, Ningbo, Wenzhou, Fushou, Amoy (Xiamen); ces ports connaissent une nouvelle fortune avec leur ouverture aux implantations et capitaux étrangers depuis 1980-1985.Agriculture, ouverture littoraleLes pentes portent parfois des cultures en terrasses: maïs, millet, patates, vergers d’orangers à Wenzhou ou de pêchers à Fenghua, de longaniers ou de letchis; ailleurs sont plantés abrasins ou Cunninghamia (c’est un conifère qu’on coupe à 20 ans). Mais la culture qui a rendu célèbres ces provinces est celle du théier, pratiquée ici dans des conditions optimales: sols acides, pluies assez bien réparties, brouillards et taux d’humidité élevé. Les théiers sont plantés sur des gradins au sol légèrement en pente, limités par des murets de pierres sèches ou des mottes de gazon avec des rigoles pavées pour évacuer l’eau de pluie; les pratiques sont extrêmement minutieuses, tant pour l’entretien que pour la cueillette et le traitement des feuilles. Les «crus» du Zhejiang et du Fujian sont renommés: Longjing, Wenzhou du Zhejiang et surtout Wuyi («Bohea tea») du Fujian, et les deux provinces ont connu une très grande prospérité due à l’exportation du thé. Dans les Wuyishan, la population ne cultivait que le théier et il fallait faire venir le riz à dos d’homme.Quant aux petites plaines côtières et aux fonds de vallée, ils font l’objet d’une culture extrêmement intensive: deux récoltes de riz par an au Fujian (de mai à juillet et de juillet à octobre), une récolte d’automne (choux, navets), une récolte d’hiver (blé, soja), de février à mai, sur le même sol. Les rendements en riz sont très élevés (jusqu’à 7,5 t/ha). La canne à sucre apparaît dans le sud du Fujian.Cultures de pente et cultures de talwegs ou de plaines ne représentent qu’une faible superficie: 6 à 8 p. 100 de la superficie au Fujian; de sorte que la densité au km2 cultivé atteint dans le Fujian 1 500 ou 2 000 habitants. On conçoit que, dans ces conditions, le Fujian et, plus particulièrement, le Sud (Amoy) aient été une grande région d’émigration vers Taiwan et l’Asie du Sud-Est, notamment les Philippines et Singapour. Le Zhejiang ne semble pas avoir connu semblable émigration si ce n’est celle, ponctuelle, de Wenzhou vers Paris, réamorcée depuis les années 1980. Tandis que la capitale du Zhejiang, Hangzhou (1 100 000 hab.), la prestigieuse capitale des Song (1135-1276) et ville de la soie, regarde vers la sphère shanghaienne, les villes littorales du Fujian connaissent une nouvelle fortune, renouant avec leur tradition historique: ce fut d’abord en 1980 la création de la «zone économique spéciale» de Xiamen (Amoy); en 1984, l’ouverture des ports; en 1985, l’ouverture du «triangle littoral» Fuzhou-Quanzhou-Xiamen et, en 1988, les premières implantations venues de Taïwan: ce mouvement s’accélère sous la forme d’une délocalisation des industries de main-d’œuvre de l’île. La capitale, Fuzhou (1 000 000 d’hab.), accueille d’importantes unités industrielles japonaises, et son port est en cours d’agrandissement.Guangdong et GuangxiAu sud des Nanling, le Guangdong et la Région autonome Zhuang du Guangxi sont des régions bien définies. Non que les Nanling (altitude moyenne 1 000 m) soient une barrière: elles sont aisément franchies aux cols de Meiling et de Zheling. Mais c’est une limite climatique et, à certains égards, humaine.Jusqu’en 1911, le Guangdong et le Guangxi constituaient le Liangguang, gouverné par un vice-roi.ClimatLe climat est presque tropical, puisque la moyenne de janvier à Canton est de 13,8 0C et qu’à Haikou, dans le nord de Hainan, elle est supérieure à 17 0C. Le gel est inconnu en plaine; les latitudes sont déjà très basses et Canton est une des villes de plaine les plus fraîches du monde sous le tropique. Les pluies sont abondantes, supérieures à 1 600 mm. Il pleut presque toute l’année: «crachin» en février-mars, pluies importantes dès avril et jusqu’en septembre, typhons de juin à septembre; seul l’automne (octobre à décembre) est beau, lumineux, ainsi que le début de l’hiver, déjà plus frais cependant. La végétation mêle, côte à côte, espèces tropicales et tempérées avec prépondérance des premières. Les sols sont des sols ferrallitiques typiques sur toutes les roches cristallines (granite en particulier).PeuplementLe peuplement de la région par les Han a été relativement tardif. Il daterait surtout de l’époque Tang (VIIe-Xe s.) et les Cantonais s’appellent quelquefois «peuple Tang»; les Cantonais, dans le delta du Xijiang, ou les Trieuchau, dans le delta du Han, se sont établis en plaine en villages fortifiés. À partir du XIIIe siècle arrivèrent les Hakka («peuple hôte»), originaires du Henan, qui établirent leurs villages au pied des montagnes. Les populations Han parlent donc des langues différentes: cantonais (langue à dix tons), trieuchau, hakka (langue du Nord, mais à nombreuses variétés dialectales). Subsistent, en outre, de nombreuses et importantes minorités: Li, Miao (ou Meo), Yao (ou Lu), Zhuang dans les montagnes du Guangdong et surtout au Guangxi, où 12 nationalités (dont plus de 12 millions de Zhuang, 800 000 Yao et 400 000 Miao) occupent les trois cinquièmes de la superficie.Les montagnesLa plus grande partie de la région (90 p. 100) est occupée par de basses montagnes, convexes comme au Jiangnan, la plupart du temps inférieures à 500 m et s’abaissant du nord et du nord-est vers le sud. Beaucoup de «collines» n’ont que 100 à 150 m, mais avec des pentes jusqu’à 10 p. 100; à l’ouest cependant, aux confins du Yunnan et du Guizhou, les montagnes atteignent exceptionnellement 2 000 m. Le relief est confus et morcelé, traversé de part en part et sans conformité avec la structure par les vallées épigéniques du Han et surtout du Xijiang (gorges de Dateng). La structure est la même qu’au Jiangnan; il s’agit donc en partie d’un relief appalachien ressuscitant les plis crétacés. Mais toute la zone côtière est, comme au Fujian et au Zhejiang, un batholithe de granite crétacé recouvert de coulées de rhyolite: en règle générale, sous ce climat tropical, les granites sont en creux, et les rhyolites donnent les reliefs. D’autre part, les grès rouges éocènes de couverture jouent un rôle plus important. Enfin, sur d’immenses surfaces, l’ouest du Guangxi et le sud-ouest du Guangdong (sur 120 000 km2) sont un magnifique karst, qui se rattache naturellement aux paysages du Guizhou; mais, ici, les calcaires (du Dévonien au Trias) sont disséqués en une véritable forêt de rochers (shihling ou kegelkarst), qui fait l’irréelle beauté de la région de Guilin, source d’inspiration pour les paysagistes Song. L’altitude moyenne est de 500 à 600 m, mais les pitons ont une altitude relative de 200 à 300 m. Les montagnes sont le domaine des minorités dont beaucoup vivent de cultures sur brûlis. En dépit des défrichements, de vastes forêts subsistent. Les Han cultivent des rizières dans les vallées et vivent en petits villages entourés de bambous. Les ressources minières sont peu importantes.Le littoral est, à l’exception de la presqu’île de Leizhou, dont les côtes sont basses, rocheux et découpé, frangé de nombreuses îles ou îlots (dont Hong Kong et Landao), avec quelques rades excellentes: Shantou (ou Swatow), Zhanjiang (ex-Fort-Bayard). La côte est en voie de subsidence et les phénomènes de régularisation peu marqués. La pêche maritime est importante (hareng, dorade, thon), notamment à Beihai ou Pakhoi.La grande île de Hainan (34 000 km2), également montagneuse, a un relief plus vigoureux. Les Wuzhishan (1 800 m), ou monts des Cinq-Doigts, se ramifient en cinq chaînons semblables aux cinq doigts de la main. Une plaine relativement vaste s’étend au nord de l’île, bordée par une mangrove à Rhizophora assez basse. Les forêts couvrent 40 p. 100 de la superficie de l’île, notamment les montagnes; les populations Miao et Yao y cultivent patates douces et manioc sur brûlis. Dans les plaines, les Han cultivent le riz, la canne à sucre et, en ferme d’État, l’hévéa. Sur la côte ouest, à Shilu, le minerai de fer est exploité. La ville principale de l’île est Haikou.Le Delta du XijiangLes plaines représentent 10 p. 100 à peine de la superficie de la région. Les deux principales sont le delta du Han et surtout le delta du Xijiang. Ce dernier a été construit par le Xi et son affluent du nord le Bei, ainsi que par le Dong. Le Xijiang est un fleuve court mais très puissant, dont le débit peut atteindre 59 000 m3/s et qui monte de plus de 10 m à la tête du delta. Mais le fleuve et ses affluents sont relativement peu chargés: au maximum 0,400 kg/m3. Si leurs alluvions ont réussi à rattacher nombre d’îles au rivage, par contre la marée remonte assez largement l’estuaire du Zhu (commun au Xi et au Dong), ce qui a fait la fortune de Canton. Ces fleuves aux crues énormes ont dû être endigués, ce qui empêche le renouvellement des sols (alluvions largement décalcifiées) et rend difficile l’irrigation.Mais la grande affaire, depuis les années 1980, est l’industrialisation et l’urbanisation à un point tel qu’elles ont entraîné un mouvement de déprise agricole; ce fut d’abord la création des «zones économiques spéciales» de Shenzhen, qui jouxte Hong Kong, et de Zhuhai, limitrophe de Macao (ainsi que celle de Shantou dans l’est de la province) puis l’ouverture de tous les ports et, enfin, de tout le delta. L’ensemble fonctionne comme un espace de délocalisation des industries de Hong Kong et assure près de 20 p. 100 de la valeur totale des exportations de la Chine. Canton (3 000 000 d’habitants), capitale administrative, bénéficie de cette effervescence, plus tournée vers Hong Kong que vers Pékin.L’île de Hainan, qui était sous la juridiction du Guangdong, est devenue en 1988 une province, réputée zone économique spéciale dans son entier.Guizhou et YunnanÀ l’ouest des zones relativement basses du Liangwang, les deux provinces du Guizhou et du Yunnan, ainsi que l’ouest du Hunan et du Guangxi, sont élevées et montagneuses. On les groupe parfois sous le nom de «Yungui». Le Yungui serait en voie de soulèvement; il domine de 1 000 m au moins les pays situés plus à l’est, sans doute par des failles nord-est - sud-ouest.La plus grande partie du Guizhou (90 000 km2 sur 170 000 km2) et tout le Yunnan oriental (55 000 km2 sur 439 000 km2) sont une immense région calcaire qui se prolonge, plus basse, au Guangxi et au Hunan. L’ensemble constitue le plus grand karst du monde et la plus riche collection de reliefs karstiques. Les calcaires sont essentiellement dévoniens et triasiques; leur épaisseur totale représente de 5 000 à 7 000 m. Tandis qu’au Guangxi le paysage est celui d’une plaine ou de dépressions basses parsemées de hums ou pitons en «forêt de pierres», le Guizhou et le Yunnan occidental sont encore des plateaux. Le paysage de karst à pitons (stone-forests ou shihling ) est encore fortement représenté, notamment dans le bassin du Nanpanjiang (branche principale du Xijiang), avec son dédale de pitons, mais les paysages de «causse» l’emportent, vastes plateaux, où la plupart des eaux coulent souterrainement (Guizhou), troués de dolines et de bassins effondrés où apparaissent des sources et des lacs (lac Shiping au Yunnan). Les «forêts de pierres» sont localisées particulièrement à la limite des bassins effondrés; à l’ouest du Guizhou, les pitons (hums) n’ont plus que 50 à 60 m de hauteur et l’érosion karstique proprement dite est faible.On pense que le karst du Yungui s’est développé sous un climat tropical, plus chaud et plus humide que le climat actuel. Depuis lors, il y a eu un soulèvement considérable et l’évolution karstique se fait sous un climat «tempéré». Le paysage actuel est celui d’un paléo-karst tropical évoluant sous un climat plus frais et compte tenu d’importants mouvements verticaux.GuizhouLe Guizhou a une altitude moyenne de 1 000 m environ, et s’abaisse du nord (Daloushan) au sud. Moins disséqué que le Guangxi, il n’est cependant pas plat: vallées du Wu tributaires du Yangzi et de ses affluents, vallées du Beipan et du Liu, tributaires du Xijiang; nombreuses dépressions frangées de forêts de pierres, de pitons et tourelles à l’est; dolines et poljés à l’ouest où l’aspect de plateau est mieux réalisé.Le climat est humide, les jours de pluie plus nombreux que partout ailleurs et les forêts couvrent une grande partie de la province: cèdres et pins sont flottés vers le sud sur le Qingshui et le Tuliu; scieries et papeteries constituent d’importantes activités.La population est relativement peu nombreuse (80 hab./km2 environ). Les Han se concentrent dans les dépressions, dolines et poljés: ils cultivent riz, maïs, pommes de terre, colza et tabac, surtout dans le centre, autour de Guiding. Les pentes sont le domaine de 82 groupes ethniques minoritaires: le Sud constitue le district autonome Puyi-Miao dont la capitale est Duyun. Guiyang, capitale du Guizhou, est un nœud de voies ferrées nouvelles: vers Liuzhou au Guangxi, vers Chongqing au Sichuan, et vers Kunming au Yunnan.YunnanLe Yunnan («au sud des nuages» du Sichuan) est une des plus grandes provinces chinoises (439 000 km2); mais il ne compte que 31 millions d’habitants, soit une densité brute inférieure à 100. Moins de la moitié de la population est Han; le reste est un extraordinaire mélange de populations à tous les stades de la civilisation, qui comprend même les musulmans d’origine turque. Le Yunnan ne fut conquis que tardivement par Qubilaï.C’est une région élevée, qui domine vigoureusement le Guangxi, où l’on peut distinguer un plateau oriental et de hautes montagnes occidentales. Le «plateau» oriental a une altitude moyenne de 2 000 m. Pour une grande part, c’est un karst aux confins du Guizhou et du Guangxi. Le karst à pitons (kegelkarst), paysage de «forêt de pierres», n’est pas absent (stone-forest de Lunan), mais, le plus souvent, les formes sont moins évoluées, et l’aspect de «causse» ondulé, troué de dolines, accidenté de poljés est prépondérant. Un élément particulier est la présence de bassins d’effondrement entre des failles nord-sud, occupés par des lacs (lac Dianchi, lac Fuxianhu, etc.); des sources jaillissent au pied des escarpements calcaires. Le plateau oriental, calcaire ou non, est massif, les terrains sédimentaires ont été plutôt ondulés que plissés au Crétacé malgré la présence de quelques plis très brusques. Ce plateau a un climat tropical d’altitude, chaud: la moyenne de janvier à Kunming (1 900 m d’altitude) est de 9,9 0C, la moyenne de juillet de 28,1 0C; en hiver, le gel ne dépose que fort rarement sur les lacs de très minces pellicules de glace. Les pluies sont seulement moyennes: 1 162 mm à Kunming en 120 jours (de juin à octobre), et l’ensoleillement est considérable, avec de très beaux jours d’hiver (tandis que le Sichuan est en cette saison couvert de nuages). Les bassins d’effondrement et les vallées sont les zones essentielles de peuplement Han et de cultures (riz, coton, canne à sucre, en été; blé, orge, fèves et tabac, le meilleur de Chine, en hiver); les densités au kilomètre carré cultivé sont très élevées. Le plateau est peuplé de diverses minorités qui ont des rizières et un important troupeau (notamment des chevaux utilisés pour les transports). Les ressources minières sont nombreuses et variées; la principale est l’étain de Gejiu; la présence de fer et de charbon a permis l’implantation de la sidérurgie (entre 1958 et 1961) à Kunming (1 500 000 hab.), la capitale, qui fabrique également des machines-outils et des appareils d’optique; cette ville est reliée par voie ferrée au Guizhou et à Hanoi (République démocratique du Vietnam); cette ligne fut une réalisation technique française.Le relief du Yunnan occidental est beaucoup plus accidenté: hautes crêtes séparées par de très profondes vallées (Ailaoshan), orientées nord-ouest - sud-est et qui se prolongent au Nord-Vietnam (tel le Yuanjiang, qui devient le Song Koî ou fleuve Rouge au Vietnam). La tectonique est très compliquée: une orogenèse triasique s’est traduite ici par des nappes de charriage et des montées de batholithes. Crêtes (Yunlingshan, Wuliangshan, Gaoligongshan) et vallées (Yangzi, Mékong ou Lancangjiang, Salouen ou Nujiang) sont nord-sud à l’ouest et correspondent à de violents plissements tertiaires (orogenèse tibétaine); les tremblements de terre sont nombreux; plus de 2 000 m séparent les crêtes des vallées qui sont chaudes et très malariennes et ne constituent que de médiocres voies de passage, la moins mauvaise étant la vallée du Mékong; par contre, les versants sont un véritable jardin botanique. Dali est la capitale du district autonome Dali-Bai, Jinghong, la capitale du district autonome Thai. Les populations sont peu nombreuses, mais très variées.
Encyclopédie Universelle. 2012.